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Elisabeth Ivanovsky

Elisabeth Ivanovsky

Née en 1910 dans l’actuelle Moldavie, Elisabeth Ivanovsky illustre dès l’enfance de petits contes écrits par son frère ainé. À l’adolescence, elle intègre l’École des Arts de Kichineff, dont l’enseignement est basé sur les théories du structuralisme. Elle adhère complètement à ces idées en rupture avec tout ce que fut l’art avant la révolution et s’applique à les suivre. Préférant Bruxelles à Paris, Elisabeth poursuit ses études artistiques à La Cambre, à partir de 1932. Fondée par l’architecte Henri Van de Velde, l’École d’art jouit alors d’une réputation internationale et fonctionne sur le modèle du Bauhaus.

Lors de son examen de fin d’études, l’écrivain Franz Hellens lui propose d’illustrer un texte qu’il a écrit pour les enfants, Bass-Bassina-Boulou, l’histoire d’un fétiche africain. Les moyens pour l’impression étant limités, les images seront imprimées en tons directs. Ce type d’impression, qui demande un dessin net et précis, détermine chez Elisabeth Ivanovsky un style qui l’accompagnera pendant de nombreuses années… Dès lors, elle contribuera au développement du livre jeunesse en Belgique, où il faut attendre les années 30 pour voir émerger une véritable production destinée à l’enfance. En France aussi, l’édition jeunesse prend son essor, avec les livres du Père Castor, qui publie de nombreux artistes émigrés de Russie, tels Nathalie Parain, Féodor Rojankovsky ou Alexandra Exter, dont Elisabeth Ivanovsky est très proche, tant par son parcours que par son style hérité de l’école constructiviste russe.

En 1937, Elisabeth Ivanovsky rencontre le poète René Meurant, qui deviendra quelques mois plus tard son mari. Entre 1941 et 1946, ils publient ensemble une série de petits livres aux Éditions des Artistes, rassemblés dans la collection Pomme d’Api. La collection connaîtra un énorme succès commercial, qui permettra à Elisabeth de professionnaliser sa pratique. Elle illustrera plus de 300 livres pour enfants tout en poursuivant ses expérimentations artistiques, s’intéressant au monotype, ou au pochoir, comme dans Cirkus où l’on observe aisément les influences constructivistes dans l’agencement des formes.

Les héritiers d’Elisabeth Ivanovsky sont aujourd’hui nombreux. En même temps qu’un retour à des méthodes d’éducation faisant place à plus de pratique, une nouvelle esthétique de l’enfance, plus épurée, revient dans l’air du temps. Les illustrations faites d’aplats imprimés en couleurs directes accompagnent cette tendance.

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