L’heure bleue est un album pour tout-petits, autour du chagrin du soir. Des saynètes s’enchaînent dans une pièce circulaire, maison d’une famille de neufs petits personnages.

Dans la première moitié de l’album, nous sommes entraînés dans une ronde de situations, d’activités du quotidien, un enchaînement d’actions comme un marabout-bout d’ficelle visuel. Dans ces six premières doubles pages, Papa lit une histoire à Nin qui observe Nana et Nelson qui jouent à se faire peur, qui renversent en jouant les constructions de cubes de Nora  qui se console en s’amusant avec les bulles du bain de Noé  qui réclame pour sortir du bain le petit marche-pieds que répare maman qui se pince le doigt, distraite par la bonne odeur du repas que prépare Nestor qui surveille du coin de l’oeil le petit Nomi qui n’a pas l’air bien : une grosse larme roule sur sa joue… On arrive alors au point de bascule. On remonte la farandole en sens inverse et chaque membre de la famille y va de son interprétation des pleurs du bébé, liée à son activité en cours. A-t-il faim ? Mal ? Sa couche est mouillée ? Jusqu’à Nin qui affirme que Nomi a simplement besoin d’un gros câlin !
Reprenant les personnages de La poupée cacahuète, Ghislaine Herbéra approfondit les relations entre ses personnages et nous fait entrer dans leur quotidien. Une multitude d’activités familières à l’enfant sont montrées, auxquelles il peut identifier ses propres activités et celles de son entourage. Le bébé trouve sa place dans cette petite ruche qu’est la maison, et dans ce livre très tendre, quand il manifeste ses émotions, c’est tous les visages qui se tournent vers lui pour le rassurer, avec curiosité et douceur. Les illustrations sont réalisées sur bois à l’encre monotype. L’expérience de scénographe de Ghislaine Herbéra est palpable dans ce livre qui donne une impression très nette de l’espace et de la temporalité dans lesquels évoluent les personnages.