En tant qu’éditeur, nous revendiquons l’existence d’un fonds MeMo, d’un catalogue d’auteurs dont les titres ont une longue vie, échappant au pilon et étant même réimprimés. Nous louons le soutien des libraires indépendants, qui n’hésitent pas à faire vivre ce fonds, et non pas uniquement les dernières parutions. Dans nos conversations, ils nous citent souvent leur livre MeMo préféré, celui qui les a marqués, qu’ils chérissent et qu’ils tiennent à avoir dans leur librairie, qu’importe la date de parution. Nous avons eu très envie de partager leurs mots avec le plus grand nombre, ce regard un peu différent du nôtre sur des œuvres que nous aimons profondément.
Chloé Bénéteau, de la librairie toulousaine Floury Frères nous parle de Petite Pépite de Nada Matta, paru en 2016.
J’ai pris le temps de choisir l’album édité aux éditions MeMo que je souhaitais présenter tant il est compliqué, voire déchirant, d’en choisir un seul. Après les surprises graphiques et les histoires bouleversantes, j’ai finalement décidé de vous écrire à propos du livre qui a certainement ému le plus d’adultes à qui je l’ai mis dans les mains. Bien sûr je fais ici écho à quelques voix qui s’interrogent et s’insurgent sur le public destinataire de cette littérature dite jeunesse. Et pourtant, pourquoi cette littérature ne s’adresserait-elle pas à tout le monde. N’est-ce pas notre rôle d’ouvrir cette frontière ? Les talents sont là, partageons-les, transmettons-les !
Dans la librairie où je travaille, c’est Petite pépite de Nada Matta, franco-libanaise, qui a certainement le plus humidifié les yeux de ces grandes lectrices et grands lecteurs qui se sont laissé·e·s apprivoiser par la littérature jeunesse, attiré·e·s dans un premier temps par sa superbe couverture. Cette pépite est une petite fille différente racontée par sa maman. Elle entre dans l’histoire par les difficultés rencontrées en société. Elle tente de la présenter avec des références propres à l’imaginaire, sans jamais dire quelle est cette différence. On remarque dans le dessin le visage d’une fillette qui est certainement trisomique mais ce n’est pas nécessaire de le savoir. Et quel plaisir que cela. Toute personne, enfant ou pas, ne se sentant pas dans la norme peut se reconnaître et c’est bien la richesse de cet album.
« C’est une sirène ? Non.
C’est un lutin ? Pas tout à fait.
C’est une petite fée ? Presque.
Elle est magique ? Oui ! »
Et puis c’est simplement une très belle déclaration d’amour qui se magnifie par le récit de Nada Matta en dernière page. Comment ne pas succomber à cela, mieux appréhender la vie et parfois se consoler. Je pense qu’il y a du sublime dans ces livres qui touchent à l’intime.
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