memo MeMo, de la feuille au livre

20 septembre 2015

memo MeMo

Éditer des livres illustrés, de l’idée à l’objet.

Bienvenue dans l’atelier des éditions MeMo. Depuis 1993, nous avons édité des livres d’images d’hier et d’aujourd’hui, des cartes et des plans, des livres d’histoire, de la poésie et des livres d’artistes. Nous éditons à présent des livres illustrés pour les plus jeunes, qu’aiment aussi les plus grands. Nous vous invitons dans cette exposition à découvrir comment naît le livre, qui réunit autour de lui le talent de l’auteur et la création de l’artiste, l’engagement et le savoir-faire de l’éditeur, du photograveur, de l’imprimeur, du façonnier, puis du libraire qui l’a choisi et de la bibliothèque qui vous le fait découvrir.

La Bibliothèque municipale de Nantes nous a ouvert ses portes, nous vous ouvrons notre fabrique. Nous avons sélectionné des livres exemplaires de techniques et de démarches différentes, de la gravure sur bois à l’ordinateur, en passant par la gouache ou la sérigraphie. Les étapes de ce travail, esquisses, essais, maquettes se lisent dans les vitrines. Les manuscrits de poèmes parus en revue et des livres d’artistes y figurent aussi. Des originaux, des livres déployés, des essais et des feuilles de passe d’imprimerie sont visibles sur les murs.

Le premier livre, Indiennes de traite à Nantes, était né en 1993 de la rencontre d’une technique, l’impression sur presse typographique et d’un désir, celui d’éditer des livres illustrés. C’est la rencontre d’une image, celle des quatre animaux qui figurent sur sa couverture, qui nous donna ce premier choc visuel. Ce sont les images, lourdement chargées d’histoire, de motifs de tissus imprimés destinés à la traite négrière au XVIIIe siècle, conservés au Château de Nantes. Nous avons édité des livres d’artistes, la revue Quaderno, des ouvrages de poésie contemporaine, d’autres consacrés à l’histoire de savoir-faire et d’industries du passé, et bien d’autres pour lesquels nous voulions créer une forme qui serve le propos. Notre compagnonnage avec des musées pour éditer à notre compte, les ouvrages moins connus d’artistes qu’ils exposaient nous a fait rencontrer bien d’autres images les années suivantes, inventer des livres jamais parus, comme Macaronis et autres contes, projeté par Rémizov et Kandinsky, ou L’Île Lincoln, dessin original par Jules Verne de la carte de l’Île mystérieuse, conservé par un de ses descendants, accompagné d’un passage du livre. Tout un catalogue en zigzag mais dont les constantes étaient surtout l’existence d’un fonds d’images et leur reproduction au plus près de leur matérialité première, accompagnée de textes écrits par ceux qui en connaissaient l’histoire et savaient la partager. Nous n’avons pas cessé, à un rythme bien lent tout d’abord, puis vingt ans après avec plus d’une vingtaine de parutions annuelles, d’éditer des livres, d’abord pour les plus grands, puis pour les plus jeunes. Cent comptines, en 1994, fut ce livre charnière : conçu pour accompagner une exposition sur le surréalisme à Nantes, il devint notre premier livre pour enfants.

Le maître imprimeur aujourd’hui disparu, Pierre Pasco fut notre premier guide. Daniel Vrignaud, de l’imprimerie Saint-Aignan et sa presse Heidelberg nous enseigna sur place notre métier de fabricants. Ils étaient encore les héritiers des compagnons, imprimeurs depuis Gutenberg, dans des ateliers disciplinés et fraternels. Ils travaillaient pour une petite « industrie fine » dont les jours étaient comptés et ils aimaient profondément leur métier. Sans doute attendris par notre manque de préparation, ils nous donnèrent généreusement les rudiments de la chose imprimée. C’est avec eux que nous nous sommes formés. Nous croyons à la modernité sans âge des images et à leur pouvoir d’évocation, et nous croyons aussi que la qualité de facture et l’innovation graphique s’imposent à l’œil du petit comme du grand. Cette confiance en l’image nous a poussés à privilégier avant tout l’auteur artiste, celui qui crée à deux mains, faisant progresser son récit au fur et à mesure que naît la forme. Nous tentons de mettre toujours la beauté à l’épreuve du sens et de nous effacer devant l’auteur et l’artiste. C’est la seule et grande politesse de l’éditeur, celle que nous avions admirée d’Albert Skira, de Pierre Faucheux dans les ouvrages du Club français du Livre qu’il mit en forme, ou chez Robert Delpire. Tous avaient innové sans oublier que l’éditeur est un artisan au service d’une pensée et d’un art. Nous imprimons en offset dorénavant, presque toutes les presses qui ont imprimé nos premiers livres ont été transformées en outils de découpe, mais nous continuons à vouloir donner à ces ouvrages la même qualité artisanale, le même soin patient. Nous photogravons nous-mêmes pendant des centaines d’heures les images de livres d’autrefois pour les séparer couleur par couleur et les réimprimer en tons directs. Les livres contemporains MeMo sont imprimés après des essais sur machine, certains tons directs sont imprimés plusieurs fois pour en rendre la couleur plus intense.

Pourquoi tout cela ? Parce que MeMo rêve que tous ces livres, qu’ils aient été créés hier ou aujourd’hui, donnent à leur lecteur le plaisir de l’objet qui est aussi un chemin vers l’art et vers la littérature. Et que nous continuons à croire à ce beau projet humain qu’est l’atelier du livre.

memo MeMo

Du 17 avril au 31 août 2014, à la médiathèque Jacques Demy de Nantes. 

memo MeMo, de la feuille au livre, guide de l’exposition présentée à la bibliothèque municipale de Nantes, 2014.

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