Cobra Norato de Raul Bopp est une œuvre majeure du modernisme brésilien. Dans la lignée des grandes épopées, il met en scène un héros légendaire et s’enracine dans une langue vernaculaire, syncrétisme de mythes et de parlers régionaux, pour bousculer le portugais du colonisateur. Le narrateur se glisse dans la « peau de soie élastique » de Cobra Norato – fils de Grand Serpent et d’une Indienne – pour partir à la recherche de la fille de la reine Luzia. Le poème est son parcours, la pénétration du monde obscur et onirique de la forêt et des eaux, de l’univers des mythes et des forces inconscientes.
Cobra Norato,« le plus brésilien des livres brésiliens », était jugé intraduisible par Alfonso Pinto. Ciro de Morais Rego a pourtant relevé le défi, afin que les éditions MeMo puissent rendre le poème accessible aux lecteurs français. La prise de risque se mesure à chaque invention verbale du récit, à chaque ambiguïté de la forme dialoguée. Àla fin de l’ouvrage, un glossaire vient éclairer les mots d’origine amérindienne, sans pour autant livrer la clef de lecture de cet ouvrage peuplé de visions hallucinatoires.
De très beaux aplats de couleurs illustrent la première édition de cet ouvrage unique, en correspondance avec ce que ressent Raul Bopp lorsqu’il voyage le long des affluents de l’Amazone : « La forêt et les étoiles conversant à voix basse… On dirait un livre d’enfants. Chaud et coloré. Mais cela représente en fait ma tragédie des fièvres ». MeMo réédite Cobra Norato en 2005 : la traduction française ainsi que le poème en portugais sont cette fois-ci illustrés par Sandra Machado, ethnologue et artiste. Un lexique sur les mythes et les légendes ainsi que sur les rites et les coutumes auxquels fait référence le poème se trouve à la fin de cette réédition, qui propose un regard renouvelé sur ce texte phare de la littérature brésilienne du XXe siècle.
1998. 64 pages. 17,3 x 23 cm. Broché cousu avec jaquette à rabats. isbn 2-910391-11-6. 120 francs.