À Adam, de retour pour les vacances, Brest n’a pas grand-chose à dire. Toujours au loin les grues du port, plus près, entre les toits des maisons, le même morceau d’océan, plus près encore le pavillon familial en un décor inchangé, avec au centre cette drôle de licorne maternelle, en manteau gris cintré, échappée de son zoo mental.
Ici, il faudra fuir les heures qui se trainent, comme Adam sèche les cours de son école de graphisme, comme la vie se débrouille sans enthousiasme.
Hors cadre, pourtant il y a des braises sonores sous les cendres. Emballé dans du plastique, un paquet de lettres fait résonner la voix de son père volatilisé et bel et bien définitivement disparu. L’ami télépathe, Jack-Nathan, ce géant de deux mètres, qui derrière ses Ray-Ban traque ces pauvres canards de surfeurs, avant de bouffer du sable et de s’évader de nouveau, exhorte Adam à arrêter de confesser les pop-corn et à se tirer loin de son petit enfer de grâce et d’oubli. Et il y a la vie enregistrée en sa plus infime sonorité déglinguée par Aeka, aussi furieusement allumée que Jack, les mots brûlants de Katel, les bouffées d’enfance.
Tout parle en fait. Maintenant, c’est à Adam de raconter.
Illustration de couverture de Brecht Evens.
Frédéric Boudet : « L’idée était de voir comment, adolescent, on essaie de se tenir debout sur ces « foutues vagues » comme dit Jack. Comment on refuse d’être maltraité par le destin. Comment même l‘idée du destin, d’un passé qui conditionne votre existence, d’un présent comme un fruit à moitié pourri dans vos mains, d’un futur qui ricane en vous échappant, sont des idées que vous réfutez à dix-neuf ans, que vous voulez balancer à la mer, à coups de pieds et de poings s’il le faut. »
La vague à l’âme, Rencontre avec Frédéric Boudet, propos recueillis par Chloé Mary
Tu me reviendras Derrière la glu des jours Jouer avec de nouvelles cartes Devenir le citron de l’océan Indien Comme des frères botter le cul des fantômes Être baratté par l’être Littérature qui voit et sait tout Inspirations et influences Prétendre à quelque chose L’évidence des feux et des fruits Plonger dans le bouillon de l’espace dehors Durer éternellement On crie tout haut Mots chuchotés, cheveux mangés Se poser sur le rebord du monde Langue au monde Surfer fou De bruit et de fureur
Première partie : Debout sur ces foutues vagues
Deuxième partie : Comme des frères
Troisième partie : Musiques, images et obsessions : les nourritures de Surf
Quatrième partie : On crie tout haut
L’art heureux de la défaite ou leur Arizona : sélection d’articles
Le coup de cœur radiophonique de Gwendal Oulès, libraire à Récréalivres, dans l’émission de France Bleu, Ça vaut le détour.