Dans Écho écho, comme dans ses autres livres de poésie, Jacques Sivan se propose de « régénérer l’énergie de la langue ». Comme il l’explique lui-même à la fin de son recueil, il part pour cela d’une forme familière des lecteurs d’anthologies ou de revues, en associant au poème un chapeau en italique qui en présente l’auteur et le contexte. Plusieurs de ces textes ont de fait été publiés dans un premier temps en revue, et lui-même est le fondateur de la « revue de mauvais genre » Java, avec Jean-Michel Espitallier et Vannina Maestri.

« Témoignages, récits et confessions » : la parole est donnée à des narrateurs multiples, à côté desquels le poète apparaît uniquement comme un collecteur. Mais lorsqu’une intrigue se dessine dans le paratexte, c’est bien Jacques Sivan qui joue ironiquement des codes narratifs du conte merveilleux, du roman policier ou sentimental.

L’expérience de lecture qui suit est des plus troublantes. Par l’usage d’une transcription phonétique, il semble que le poète crée une langue nouvelle, radicalement étrangère ; associée dans les chapeaux à des époques et à des pays différents, elle acquiert cependant une étrange universalité. Les émotions vécues ne s’expriment plus dans des narrations subjectives, mais dans la désarticulation et la réverbération langagière.

« Tous les mots sont soumis à l’attraction des éléments hétérogènes qui les constituent. » Dans cette mise en tension de la langue, il s’agit de révéler le jeu d’échos entre le réel et la poésie.

Disparu en 2016, Jacques Sivan aura mené autour de l’invention de son écriture « motléculaire » une expérience poétique radicale, qui interroge de façon neuve le rapport de l’homme au monde.