La publication de cet ouvrage en 2004 s’inscrit dans le prolongement de l’exposition Le Rêve d’une ville organisée dix ans plus tôt par le musée des Beaux-Arts et la bibliothèque municipale de Nantes, qui était consacrée à « la dimension nantaise du surréalisme » et à « la dimension surréaliste de Nantes ». La fille de Jean Sarment, qui avait prêté de nombreux documents pour l’occasion, a fait ensuite don à la bibliothèque de la correspondance du « groupe des Sârs » dont son père était resté l’unique survivant après la mort de Jacques Vaché en 1919. C’est cette correspondance que la Ville de Nantes et les Amis de la bibliothèque municipale ont éditée avec MeMo afin de témoigner d’un moment méconnu de la modernité, en lien avec une nouvelle exposition au musée des Beaux-Arts du 26 février au 4 juillet 2004, intitulée Les Rêveurs définitifs.

Le « groupe des Sârs » réunit quatre camarades de lycée qui publient dans les années qui précèdent la première guerre mondiale une revue ainsi que des œuvres collectives subversives. Le plus célèbre d’entre eux est Jacques Vaché, qui sera le passeur de l’esprit de révolte du groupe auprès d’André Breton. Ce dernier reconnaît le caractère fondateur de cette rencontre dans le Manifeste du surréalisme : « Vaché était surréaliste en moi. » À travers la figure de Jacques Vaché, le « groupe des Sârs » apparaît donc comme un précurseur du mouvement littéraire et artistique majeur de l’entre-deux-guerres, au même titre que le dadaïsme dont il partage l’esprit provocateur.

La Nouvelle Revue nantaise accueille dans ses pages cette correspondance privée du « groupe des Sârs », dont les publications originales ont d’abord alimenté les journaux de l’époque, et contribué dans un second temps à ancrer localement le surréalisme. Mais le patrimoine littéraire de la ville rejoint ici l’histoire des avant-gardes. C’est Jean Sarment qui devient après Jacques Vaché le passeur de cette aventure collective, de celles dans lesquelles prennent naissance les grands mouvements de l’histoire culturelle.

Coédité avec la Ville de Nantes et les Amis de la bibliothèque municipale de Nantes. Avant-propos d’Agnès Marcetteau-Paul. Préface de Jacqueline Sarment. Textes de Patrice Allain, Jean-Louis Liters, Claudine Sainlot.