Cet ouvrage, qui est l’un des deux premiers Carnets d’usines coédités par l’association e+pi et les éditions MeMo, est consacré à l’une des plus importantes manufactures d’orgues édifiée en France, et à son siècle d’activité jusqu’à sa fermeture en 1980. L’histoire de l’entreprise Debierre est étroitement liée au contexte social, politique et religieux de l’époque. À partir de la monarchie de Juillet s’engage en effet un mouvement de reconstruction de l’Église catholique particulièrement marqué dans l’Ouest de la France, dont va bénéficier par la suite la manufacture de Louis Debierre. Quand ce dernier débute son activité, la demande de mobilier religieux est forte de la part des paroisses, des congrégations ou des collèges. Et quand les orgues portatifs qu’il met au point sont commercialisés en 1872, ils rencontrent un succès certain dans l’Ouest du pays, mais connaissent aussi une diffusion plus large, à l’échelle nationale comme dans certaines congrégations missionnaires d’Afrique et d’Asie.

Ces orgues portatifs de Louis Debierre témoignent d’un moment singulier du XIXe siècle, où l’histoire des instruments croise celle de l’industrie. C’est dans son atelier d’artisan que Debierre conçoit cet instrument miniaturisé, qui va justifier non seulement un outillage de type industriel, mais également une rationalisation de la production au sein de la manufacture implantée en 1875 dans le quartier de Saint-Clément à Nantes. Le livre met aussi l’accent sur l’aventure humaine qui sous-tend cette histoire industrielle, en dressant un portrait complet de Louis Debierre : son apprentissage parisien, son engagement personnel au sein du patronat catholique de l’Ouest, les qualités dont il témoigne dans ses relations commerciales, l’ingéniosité de ses inventions, toutes ces dimensions de l’homme sont évoquées au fil de l’ouvrage. Mais c’est surtout un métier et un savoir-faire que Pierre Legal met en lumière, dans leur dimension patrimoniale : comme en témoigne la liste des instruments qui clôt l’ouvrage, le facteur d’orgues a laissé la marque de son talent dans le mobilier de nombreuses églises du pays.

Coédité avec l’association e+pi, Entreprises et patrimoine industriel.
Collection Carnets d’usines. Directeur de collection : Laurent Huron.