Le présent ouvrage, consacré à l’histoire des savonneries nantaises depuis le début du XIXe siècle jusqu’au milieu du XXe siècle, est l’un des deux premiers Carnets d’usines coédités par l’association e+pi et les éditions MeMo. Au sein de cette collection dirigée par Laurent Huron, c’est le patrimoine industriel dans toute sa diversité, tant à l’échelle locale que nationale, que les auteurs se proposent de révéler au grand public. Dans cet esprit, Emmanuelle Dutertre met d’abord en lumière un savoir-faire : les procédés de fabrication du savon sont amplement détaillés, gravures anciennes à l’appui. Elle montre également comment cette pratique qui repose sur des connaissances empiriques va être renouvelée par les avancées de l’industrie et de la chimie, au moment où toute une littérature scientifique et technique incite à la modernisation de la savonnerie. Dans le souci de réinscrire cette histoire industrielle dans un contexte social, la sociologue traite également des avancées de l’hygiène au XIXe siècle et de l’irruption des nouveaux modes de vie domestique au XXe siècle.

Sur le plan local, l’histoire des savonneries recoupe aussi un moment de l’histoire nantaise où les négociants étaient invités à s’emparer des activités nouvelles qui pouvaient bénéficier des réseaux commerciaux de la traite négrière. L’huile de palme, matière première dans la fabrication du savon, provient ainsi du négoce avec l’Afrique occidentale. Sur le plan national, Nantes devient ainsi la deuxième grande ville du savon en France après Marseille. Les manufactures savonnières vont se succéder, et occuper une place essentielle dans le paysage industriel de la ville. Parmi elles, l’on retiendra celle d’Alexis Biette, dont la savonnerie établie dans l’île de Nantes en 1882 a prolongé son activité jusque dans les années 1960. Savonnier et parfumeur, Biette diversifie sa production et témoigne d’une véritable créativité dans la promotion de ses savons de toilette. Si l’activité savonnière nantaise a cessé, les images qu’elle a générées, soigneusement reproduites dans cet ouvrage, contribuent à en préserver la mémoire collective.

Coédité avec l’association e+pi, Entreprises et patrimoine industriel.
Collection Carnets d’usines. Directeur de collection : Laurent Huron.