Quatremers le Céleste

Quatremers le Céleste est né de la volonté d’éditer l’une des trois plus grandes collections de gouaches chinoises du XIXe siècle, celle de l’armateur nantais Dobrée. Dans les ateliers cantonais, les artisans peignaient à l’occidentale ces images à l’intention des négociants européens, qui tout au long de leur séjour en Chine n’étaient pas autorisés à quitter les alentours des factoreries. Pour pallier cette interdiction qui leur était faite de voyager, on leur vendait ces gouaches qui étaient autant de multiples diffusant une représentation de la Chine, à la façon de cartes postales.

Comme Indiennes de traite à Nantes, Quatremers le Céleste soulève ainsi la question du rapport à l’autre. Devant ces gouaches chinoises qui reproduisent maladroitement la perspective occidentale, le regard européen, au moment où il croit se porter sur l’autre, est renvoyé à lui-même. Dans ces belles images figées, à la manière des objets de vitrine à côté desquels elles étaient vendues, MeMo a perçu le malaise qui naît de la circulation close du regard, et a demandé un texte à Lisa Bresner. Alors que les images nous tiennent à distance, l’autrice et sinologue guide le lecteur à la rencontre du pays interdit, par le biais de la fiction. Dans ce conte initiatique, d’une épreuve à l’autre, l’étranger passe enfin de l’autre côté du miroir.

À ce récit de voyage jalonné d’images, Quatremers le Céleste associe une histoire de l’imprimerie. Par sa réalisation, l’ouvrage nous guide aussi vers un temps révolu. Page après page, le texte a été composé au plomb avec une casse d’un beau Garamond prêtée par le musée de l’imprimerie de Nantes. Les gouaches ont été scannées une à une sur un scanner Crossfield rotatif, pour un rendu d’une qualité exceptionnelle. Le façonnage à la main par collage sur onglet ne peut plus être réalisé de nos jours. L’ouvrage né de cette conjonction de techniques rares et disparues, dans le temps long des collaborations artisanales, est l’une des grandes fiertés de MeMo. Quatremers le Céleste a été réédité en 2017 en volume broché avec des illustrations d’Aurore de la Morinerie.

 

 

 

Texte composé manuellement et imprimé sur presse typographique par Max et Pierre Brunet, imprimeurs à Beaufay, avec une casse de Garamond corps 18 conservée par le musée de l’imprimerie de Nantes.

Illustrations imprimées sur les presses offset de l’imprimerie Chiffoleau à Nantes.

Façonnage confié à la Société moderne de reliure et de façonnage à Muzillac.

900 exemplaires sur bouffant 100 g et couché 65 g.

Lisa Bresner

1996. 112 pages. 30 x 52 cm. isbn 2-910391-05-1.

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